Il m'arrive d'entendre Tu fais quel genre de photos ?. N’entendant pas de pluriel au mot « genre », cette question m’étonne toujours car elle induit l'unicité du genre.

Je reste gêné de ressentir l’attente de mon interlocuteur qui souhaite une réponse avec des mots connus : paysage, portrait, architecture, abstrait, macro, etc. Il faut catégoriser, classer, normaliser, choisir un moule… et ma photographie est tout, sauf cela. Ce qui résumerait le mieux ce non genre se situe entre la dichotomie de Philippe Halsman ou la notion de « surprise » photographique par Roland Barthes. Je ne fais pas des photos, je les prends. Pour surprendre, attraper, figer un instant, partager, donner, apprendre, rencontrer. Garder une trace.

Vous trouverez ici de simples photographies, brutes, sans artifice technique, sans recherche d'une perfection esthétique, que ce soit sur les corps, les visages, les ambiances. Seule compte l'image et ce qu'elle apporte à son lecteur, ou n'apporte pas d'ailleurs. L'esthétique n'est pas un sujet dans ces photos. L'esthétique est subjective, donc unique pour chacun.

Des mots pour « expliquer », on peut en donner. Des tas. Au mieux, ils servent à informer sur un instant qui a été et qui n'est plus. Ou différemment, ailleurs. Mais jamais je ne pourrai en donner pour justifier.
L’image ne se justifie pas, elle n'est qu’un témoin.

Enfin, la question technique n’a pas de raison d’être dans ces images. Les notions de « piqué », marque de matériel, etc., n’intéressent pas l’image car le meilleur objectif du monde avec l’appareil le plus sophistiqué ne construisent pas une émotion, un regard, une pensée.